Manu nous a quitté au tout début du mois de novembre, sans que nous ayons eu le temps de lui dire au revoir. Nos derniers messages étaient pour lui donner de la force et du courage et lui dire combien elle nous manquait.
Du courage elle en avait à revendre. Pendant ses périodes de fatigue, elle ne manquait pas de rappeler que ça irait mieux demain. Elle prenait le temps. Ce n’était pas quelqu’un qui courait. Elle avançait tranquillement, pas à pas, avec l’assurance de ceux qui savent être là au bon moment.
Manuelle, travaillait à la colline dans le bureau des secrétaires juste à droite à l’entrée.
Quand on arrivait, à travers la vitre, on pouvait lui faire signe, échanger un sourire, comme un rituel bien ancré pour nous tous.
Lui dire bonjour s’était s’assurer d’un véritable « ça va ? » et d’une voix accueillante elle vous emmenait à tous les coups du côté de sa si chère Guadeloupe.
Elle était très fière de son poste d’assistante d’attachée à la direction. Elle était consciencieuse et sérieuse et toujours préoccupée de bien faire son travail. Cela pouvait parfois la faire râler, doucement derrière son écran car elle voulait être certaine de ne pas faire d’erreur ou de réussir à tout faire. Et si on arrivait à ce moment- là, elle dégainait son « laisse- moi te dire » qui annonçait bien la couleur.
Mais ce qui la faisait vraiment paniquer c’était bien sa propension à bloquer la machine à café avec ses capsules de cappuccino. Elle ne manquait pas d’appeler au secours puis de partir dans ses fameux fous rires avant de pouvoir déguster le fameux café.
Manuelle savait répondre aux nombreuses sollicitations de ses collègues. Elle aimait pouvoir rendre service et aider.
Travailler chez Cesap, à la colline, c’est faire partie d’un groupe un peu familial. Alors souvent pendant les pots de départs on pouvait voir à quel point elle était sensible et combien en faire partie était important. Elle pouvait nous faire la démonstration d’un petit pas de biguine et en gardant son sourire laisser couler une larme, elle n’aimait pas du tout voir partir nos chers collègues.
Le matin elle aimait bien faire le tour de la colline, et ouvrir les portes des unités, des cuisines, des bureaux des paramédicaux pour saluer les collègues et les enfants. Son rôle, c’était donc aussi accueillir. Au téléphone avec les collègues du Sessad, elle avait toujours un petit mot en plus, celui qui faisait lien. Manuelle était une professionnelle bien engagée dans son travail. Arrivée à la colline avec un contrat à durée déterminée, elle avait fait plusieurs départs puis des retours avant d’avoir son poste. On avait la sensation qu’elle y avait toujours été.
La « petite Dame de Jernival » avait des talents cachés, c’était une crocheteuse hors pair. Elle n’hésitait pas à sortir ses aiguilles aux heures de pointe dans le train qui la ramenait chez elle. Réservée elle avait voulu garder un peu pour elle, comme un jardin secret les préparatifs de son mariage avec José qui l’emplissait d’un si grand bonheur. Nous avons tous réussi tout de même à nous émerveiller de voir les photos prises par des collègues, pour son plus grand plaisir en réalité.
Ecrire ces mots après la perte subite de notre Manu nous semble encore irréel. Il y a toujours quelque chose d’elle pour nous tous qui reste présent. Nous avons eu la chance de vivre ces moments de vie professionnels et personnels.
Chacun gardant en mémoire ce chemin partagé avec elle à la colline, marqué de constance, de douceur, d’attention et de son rire toujours sincère.
Les collègues de la Colline